mercredi 9 novembre 2016

La princesse au cœur orphelin





Dans un royaume lointain, le couple royal avait une petite fille qui s'épanouissait dans la liberté de son existence, loin des soucis journaliers de la vie. Il l'aimait et la chérissait, la regardait grandir avec fierté et amour. Pourtant, cette liberté restait une prison car elle avait pour camarades de jeu des enfants choisis selon leur rang et leur comportement.

La princesse devenait chaque jour plus jolie et plus espiègle. Rien ou presque ne lui était refusé. Elle apprenait avec vivacité avec son précepteur qui louait son intelligence au roi et à la reine. Elle débordait de curiosité et posait sans arrêt des questions auxquelles il répondait du mieux qu'il pouvait.
Mais toutes n'avaient pas de réponses. Elle regardait souvent au loin par la fenêtre de sa chambre de princesse. Elle voyait les nuages courir dans le ciel bleu vers des horizons qu'elle ne connaissait pas et qu'elle finissait par deviner. Lorsqu'elle demandait à son précepteur ce qu'il y avait au loin, il ne pouvait pas lui répondre car ses nobles parents voulaient à tout prix la préserver.

Pourtant, malgré ses amis et sa vie de princesse, elle ne se sentait pas heureuse. La solitude pesait en son âme, loin de parents occupés à gouverner et à faire son bonheur, et entourée d'amis qu'elle n'avait pas choisis. Le temps passait, et son regard s'envolait vers l'horizon. Elle se mit à dépérir.

Le couple royal décida de lui trouver un mari. Ils firent faire les recherches afin de trouver le prince de leurs rêves. Ils le trouvèrent. Il était beau et jeune et venait d'un royaume dont il ne serait pas le roi. Il serait le roi du royaume de la princesse, la seule héritière d'un pays qu'elle ne connaissait pratiquement pas, enfermée dans sa vie dorée.

On lui présenta l'homme qu'elle allait épouser, c'était décidé. Ses parents étaient heureux de faire son bonheur. La princesse se mit à dépérir sans qu'on ne comprenne ce qu'il se passait.

Bien qu'entourée du meilleur, la solitude s'emparait de son cœur qu'elle sentait orphelin. Rien n'y fit et dans l'affolement de tous, la princesse qui vivait dans un monde irréel, protégé de tous les dangers, finit par refuser de se réveiller.

Un matin, le royaume découvrit que la jolie princesse qui ne connaissait pas le monde s'était endormie la veille au soir dans le silence et son cœur orphelin avait choisi de ne plus se battre.

©FrançoiseLATOUR


mercredi 31 août 2016

A la fin du jour



Il est tard. Le soir descend sans faire de bruit. Le jour fait une révérence en douceur et s'éclipse. La nuit étend son drap couleur d'encre de Chine. Les étoiles se réveillent. Elles ouvrent leurs yeux en baillant les unes après les autres. La lune ronde comme un ballon gonfle ses joues dans un sourire amusé. Elle éclaire d'une lumière blanche et indicible les chemins. 

La nuit est douce. L'air léger souffle entre les branchages. Les arbres entremêlent leur chevelure. Les oiseaux de nuit lissent leurs plumes, étendent leurs ailes et d'un battement, se jettent dans l'air. La vie nocturne s'éveille. 

©Françoise LATOUR




mardi 30 août 2016

Lorsque nos petits anges ouvrent leurs yeux, ils ouvrent les portes de notre cœur.



Toutes les mamans savent… 

Une fois que la petite graine est déposée dans le ventre de la maman, elle pousse, pousse, pousse, jolie plante qui arrondit la silhouette. Toutes les mamans ont caressé la rondeur de leur corps qu'elles apprennent à découvrir et à connaître au fil des mois. 

Puis vient le temps de sortir à la découverte du monde. L'enfant endormi dans les bras, chaleur contre chaleur, on le ramène comme le plus précieux des trésors. L'amour a grandi avec lui et grandira encore.

Mais parfois… 

Il n'y a pas que le corps qui est vide. Le berceau à la maison attend pendant de longues semaines. La chambre reste muette. Le temps n'est pas le même lorsqu'on attend.

Les anges battent des ailes avec leur sourire sans dents. Ils s'éveillent à la vie doucement.  Et attendent sans savoir qu'elle s'offrira lorsqu'un ange s'envolera, les ailes déployées pour ne plus revenir.

Le don d'organe fait peur. Pourtant, en acceptant de faire un don d'organe, lorsque nous arrivons sur le seuil du voyage sans retour, nous offrons une nouvelle vie.
Pensez à nous, pensons à eux. 

©Françoise LATOUR

lundi 29 août 2016

Ma plume rêve pour moi









Ma plume rêve pour moi. Elle sait le faire bien mieux que moi. Je n'ai plus de rêves, ils ont disparu lorsque j'ai ouvert les yeux. Je les gardais obstinément fermés, j'avais si peur de voir la réalité. Elle n'est jamais aussi jolie que les rêves dont on habille nos espoirs.

Ah ! Les rêves… Ils dansent et virevoltent, sautillent et font des cabrioles,  et puis ils finissent toujours par se prendre les pieds dans un tapis qu'on ne voyait pas.

Nous avons tous l'espoir, mais il finit par se faner car il est fugace et fragile. 

J'aime danser, rire et chanter, j'aime tellement sentir le vent dans mes cheveux et les notes de musique glisser sur ma peau. J'aime une douce folie qui me donne la liberté de me sentir vivante.

J'ai ouvert mes bras très grands, mais ils n'ont attrapé qu'une chimère. Je lui avais laissé toute sa liberté, elle a dévoré la mienne. 

Mes bras se sont refermés, ils ne s'ouvriront que pour danser, virevolter, sautiller et faire des cabrioles. Je tomberai encore, mais qu'importe ! Le bonheur nous appartient, je cultive le mien sans les autres. Il est magnifique, doré et lumineux et ses couleurs sont multiples et incomparables. Je suis heureuse de vivre, et je continuerai de rêver à travers ma plume, uniquement à travers ma plume. Elle est là pour moi et le sera à jamais et je le lui rends bien.

©Françoise LATOUR

lundi 18 juillet 2016

Un 14 juillet



C'est les vacances et j'ai le droit de me coucher plus tard ! Il fait trop chaud et je n'arrive pas à dormir. Je repousse toutes mes peluches le soir dans mon petit lit tellement il fait chaud ! Elles me rassurent, on se raconte des histoires. Je leur ai expliquées que je les aime toujours, mais qu'il fait trop trop chaud !! Tous les soir, on mange dehors. Il y a toujours du monde parce que mes tontons et mes tatas passent nous voir. Il y a tous les cousins, c'est super ! Et puis, quand je suis trop fatiguée, maman me dit : "Viens, on va se laver les dents et ensuite, au lit !" Elle me fait des bisous sur les joues, ils claquent fort, les bisous qu'elle me fait…

Mais depuis quelques jours, elle ne me fait plus de bisous. Je n'entends plus les histoires qu'elle me raconte. Je ne reconnais rien, je ne sais pas très bien où je suis. On dirait que je suis prisonnière, je ne peux pas bouger. Et j'entends des bip bip quelque part. Des bruits de pas aussi. Parfois, j'entends aussi comme si quelqu'un pleurait en même temps que j'entends une porte qui s'ouvre. 

J'ai un peu peur, mais ça va mieux maintenant. Il n'y a plus les bruits et les cris qu'il y a eu. Il faisait nuit, c'était beau avec les lumières et la musique. Il y avait beaucoup de monde. Des grands, des papas et des mamans. Des enfants aussi. Des petites filles comme moi et des petits garçons. Il y en a un qui m'a souri ! Et puis, des bébés dans les poussettes qui sucent leur pouce ou la totote. Je ne me souviens pas trop. Quand j'essaie de me souvenir, je n'y arrive pas. Juste tout-à-coup, des cris et tout le monde s'est mis à courir ! Papa m'a pris dans ses bras, il m'a fait mal en me serrant ! J'ai pleuré. Il faisait une drôle de tête ! On était tous ensemble, et puis, je n'ai plus vu maman. Ca criait fort, et puis j'ai eu très mal ! Oh ! là ! là ! Oui, qu'est-ce que j'ai eu mal ! Papa a crié avec tout le monde, il me serrait très fort ! Et puis, plus rien, ses bras se sont desserrés. On est tombés, je crois. Mais je me souviens surtout que j'ai eu très très mal ! 

Où sont mes peluches ? Et les bisous de maman ? Pourquoi est-ce qu'il fait si noir ? J'ai envie de manger de la glace et des bonbons. Est-ce que je suis punie ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal pour que je n'ai plus le droit de jouer ou d'être à la maison avec papa et maman ? J'ai peur, j'ai si peur… j'ai froid, et j'ai mal.

©Françoise LATOUR